Le jeu de l’Échelle se présente comme une succession de performances effectués alternativement par deux équipes, sur la base d’une instruction. Chaque nouvelle effectuation doit reprendre la précédente en l’augmentant significativement. Le jeu de l’Échelle travaille ainsi à composer progressivement une partition tacite par le jeu d’une succession de performances ponctuelles ; il expérimente en quoi la surenchère peut être facteur d’écriture collective. Enfin, en donnant la parole à un public selon une procédure réglée, le jeu questionne en même temps les conditions et les critères de réception d’une performance.
RÈGLES DU JEU
Le jeu de l’échelle se joue à deux équipes de 3 à 5 joueurs chacune sur un terrain comportant une aire de jeu, un micro, deux bases et un espace pour le jury.
Un Comité d’Évaluation Différentielle, comprenant au moins 2 rapporteurs et des membres du public, intervient en cas de litige entre les équipes, et un arbitre s'assure de la régularité du jeu.
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Au début du jeu, les deux équipes sont sur leurs bases respectives. Elles choisissent un nom et le communiquent à l'arbitre qui introduit la partie, présente les deux équipes au public, et désigne à pile ou face laquelle ouvrira le jeu. Les équipes prendront ensuite la main alternativement.
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Une manche commence quand l’équipe A parle, c’est-à-dire propose au micro une instruction (un énoncé comportant au moins un verbe à l’infinitif). Cette instruction est inscrite à la vue du public.
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L’équipe B lève la main et annonce : « Voici comment on... [texte de l’instruction] », Elle a alors une minute pour se concerter et rassembler d’éventuels accessoires avant de proposer une performance. Cette performance (comme toutes celles qui suivront) peut être individuelle ou collective, dure un temps maximum de deux minutes et se conclut par un salut au centre de l’aire de jeu.
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L’équipe A annonce alors « Non, non, non, ce n’est pas tout à fait ainsi qu’on [texte de l’instruction]. Voici comment on [texte de l’instruction]. » puis elle propose une reprise, c’est-à-dire une nouvelle performance qui développera, augmentera, améliorera, complexifiera de manière notable la performance de l'équipe B.
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Au moment ou l'équipe A regagne sa base, si un des joueurs de l'équipe B a une main levée, il peut proposer :
- une reprise : cf. règle 4.
- une adaptation : c'est-à-dire une nouvelle instruction susceptible de mieux rendre compte de la performance qui vient d'être montrée . Il annonce alors : « Non, non, non, nous ne sommes pas en train de [texte de l’instruction], nous sommes en train de [texte de la nouvelle instruction] » et la main est rendue à l'équipe adverse, qui doit performer cette nouvelle instruction.
Les reprises et les adaptations s'enchainent ainsi aussi longtemps que nécessaire.
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Si une équipe estime que la dernière reprise n’augmente en rien les précédentes, ou que l’adaptation proposée est inadéquate, elle est en droit d’en contester la validité. Pour qu’une contestation soit recevable, tous les joueurs de l’équipe
contestatrice doivent avoir les deux mains levées au moment où le joueur précédent regagne leur base après avoir salué. Le Comité d’Évaluation Différentielle est alors saisi, et invité à statuer sur la validité de la contestation, selon la procédure et les critères définis ci-dessous (voir les « Règles du Comité d’Évaluation Différentielles»).
Deux cas se présentent alors :
- la contestation est acceptée et la dernière proposition est invalidée. La manche est conclue au profit de l’avant-dernière
performance. - la contestation est rejetée, c’est-à-dire que la dernière proposition est validée. La manche est conclue au profit de la dernière performance.
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Si le ou les performeurs regagnent leur base sans être repris, adapté, ou contesté, la partition est dite accomplie et l’équipe remporte la manche.
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La première équipe qui accumule 7 points gagne la partie.
RÈGLES DU COMITÉ D’ÉVALUATION DIFFÉRENTIELLE
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Le Comité d’Evaluation Différentielle (CED) du jeu de l’Échelle se compose de 7 membres : cinq commissaires et deux rapporteurs, qui modèrent les débats. Il est appelé à se prononcer dès lors qu’une performance ou une adaptation est contestée par l’équipe adverse.
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L’équipe contestataire n’expose à aucun moment les raisons de la contestation. De manière générale, les joueurs n’ont pas la parole pendant la délibération.
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Si c’est une performance qui est contestée, le CED a pour tâche d’évaluer si la teneur de la performance contestée a réellement développé, amelioré, augmenté ou complexifié de manière notable la performance précédente. Le CED est prié d’éviter les opinions personnelles et de s’en tenir aux éléments tangibles des deux performances comparées. La procédure recommandée est la suivante :
a) le premier rapporteur liste les motifs supposés de la contestation :- soit que la performance contestée n’ait pas assez d’éléments communs avec la précédente
- soit que la performance constestée n’améliore pas suffisamment la précédente pour justifier une nouvelle version, ou qu’elle en néglige manifestement un pan jugé significatif.
b) le second rapporteur liste les motifs propres à rejeter la contestation, c’est-à-dire tous les éléments pouvant justifier que la performance contestée a réellement développé, amelioré, augmenté ou complexifié de manière notable la performance précédente.
c) les membres du CED tour à tour argumentent et se prononcent sur la validité de la contestation.
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Quand c’est une adaptation qui est contestée, le CED doit évaluer si la nouvelle instruction est réellement une meilleure description de la dernière performance présentée.
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La contestation est acceptée ou rejetée à la majorité des voix (à l’exclusion des rapporteurs). Elle est annoncée par l’un des rapporteurs et validée par l’arbitre.